Le temps passe , pas la douleur ...
Je l'aimais comme on aime la poudre aux yeux , elle me cachait le vide où je m'aveuglais .
Et puis le temps et la mort sont passés ...
Je gis désormais là-bas loin d'elle à ne plus l'attendre , sur ma stèle ma photo , pas celle qui me représente le mieux ;
je n'ai pas eu le choix , même pas une sur laquelle je souriais , pourtant j'adorais rire , les mur s'en souviennent encore ,
demandez le leur aux murs et aux oreilles , pour sûr quand je suis né , je n'ai pas même versé une larme ,
j'ai ri pendant au moins une bonne minute , c'est long une minute quand vous n'avez qu'une minute à vivre , à mourir .
Je suis né dans la joie , ma fin fut plus tragique , et là j'en ai pleuré des larmes , des larmes amères , ô mère , des larmes de fin du monde , j'étais disloqué , un pantin au coeur vaincu , l'âme déjà ailleurs ...
Et puis , un jour , c'était une nuit de pleine lune , comme la poudre aux yeux commençait à pourrir,
"j'ai" décidé d'abréger les souffrances , mes souffrances ; elles étaient pires que la mort , pires que la vie .
j'ai pris des cachets , j'ai mis le gaz et je me suis pendu , ma vie ne tenait plus à rien , à peine à cette corde .
J'ai dû semer la désolation autour de moi , qu'ont pensé mes enfants de moi ? qu'ils me pardonnent ,
qu'ils me pardonnent mon offence ! notre bonheur perdu ...
Nous avions été jeunes et fringants , nous nous aimions d'amour fou et notre premier fils en fut le fruit mûr ,
c'était en 1975 ...